Dans le cadre du cursus de formation au métier d’agripreneur à l’Institut universitaire d’Enseignement professionnel (IUEP) de Djougou, une attention particulière est portée à la phase de pré-insertion professionnelle des étudiants. Cette phase, d'une durée de neuf mois, constitue une étape importante permettant aux apprenants de se confronter à la réalité du terrain, de mettre en pratique les compétences acquises, et de préparer leur insertion professionnelle de manière autonome.
Le CUEP a mis en place un dispositif complet de suivi des étudiants dès le lancement de cette phase le 8 avril 2024. Ce dispositif se déploie à plusieurs niveaux, à savoir :
- Suivi à distance : les étudiants en pré-insertion restent en contact permanent avec leurs encadreurs via des appels téléphoniques réguliers et des groupes WhatsApp dédiés. Ces outils de communication permettent de maintenir le contact avec les étudiants de façon permanente et de résoudre à distance les difficultés qu’ils rencontrent.
- Rapports hebdomadaires : chaque semaine, les étudiants sont tenus de soumettre des rapports d’activité détaillés accompagnés de photos pour illustrer l’évolution de leurs projets. Ces rapports sont ensuite analysés par l'équipe pédagogique pour identifier les points forts et les axes d'amélioration.
- Visites de suivi sur le terrain : pour renforcer l’accompagnement, des équipes de coaches ont été constituées pour suivre chaque étudiant de manière personnalisée. Ces équipes effectuent des visites sur le terrain afin de mieux appréhender les défis rencontrés par les étudiants et de leur fournir des conseils pratiques.
Du 22 juillet au 10 août 2024, cinq équipes composées de coaches et de membres de l’administration du CUEP ont effectué une première tournée de suivi auprès des étudiants. Cette tournée a permis de visiter les sites de pré-insertion, d'évaluer les progrès réalisés, et de fournir un soutien supplémentaire pour optimiser les projets en cours.
Résultats et observations issues du suivi
Les visites de suivi effectuées sur le terrain ont permis de recueillir des informations précieuses sur la progression des activités des étudiants. Plusieurs points positifs ont été notés :
- Motivation des étudiants : La majorité des étudiants a montré un engagement exemplaire et une forte motivation, malgré les contraintes matérielles et financières. Leur capacité à innover et à adapter les techniques agricoles apprises au contexte local est particulièrement remarquable.
- Maîtrise des techniques agricoles : Les étudiants ont fait preuve d’une bonne maîtrise des pratiques agricoles enseignées. Cette compétence s’est traduite par des résultats encourageants sur leurs exploitations.
- Gestion des ressources : En dépit de ressources limitées, les étudiants ont réussi à optimiser l’utilisation des intrants et à adapter leurs projets aux réalités locales. Cette gestion efficiente témoigne de leur capacité à faire face aux imprévus et à gérer leurs exploitations de manière autonome.
- Partenariats locaux : Plusieurs étudiants ont réussi à nouer des partenariats avec les populations locales, des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) et des partenaires privés. Ces collaborations ont contribué à renforcer la viabilité de leurs projets et à obtenir un soutien matériel et technique.
Témoignages de réussites et innovations des étudiants
Le suivi a permis de rencontrer plusieurs étudiants exemplaires qui se sont distingués par leurs projets novateurs et leur persévérance. Il s’agit, entre autres, de :
- AGBESSI Elysée à Azohouè-Aliho, commune de Allada. Il produit les spéculations telles que : cornichon, pastèque, piment, oignon, basilique, papaye et banane. Il exploite 5 hectares, dont un commodat d’un hectare pendant deux ans. Malgré des défis comme des problèmes de disponibilité d'eau et un manque de moyens financiers, il bénéficie de plusieurs atouts, tels que la disponibilité du marché et le soutien local.
- MEGBEDJI Dansou Régis à Agbozohoudji, commune de Djakotomey, se distingue par sa production maraîchère diversifiée sur 1600 m². Il utilise des semences certifiées et a commencé la construction d'un bâtiment pour son hébergement.
- KOUSSAHOUE Marius à Hlassame, commune de Lalo, a adapté son projet initial de production porcine à l’élevage de lapins et de cailles, en raison de contraintes financières. La construction de sa porcherie est en cours, et son engagement à surmonter les obstacles a été reconnu.
- SINGADANON Tanguy Romaric à Avavi, commune de Zogbodomey, a mis en place une bananeraie sur 5000 m². Bien que des crues aient causé des pertes, il poursuit le regarnissage et l'entretien de sa plantation.
- WOROU Philippe de Djougou, village Dabogou, a montré un dévouement exemplaire en diversifiant ses activités agricoles, avec des cultures de piment, maïs, soja, riz, et laitue, ainsi que l’élevage de bovins, lapins, et l’apiculture. Ses efforts lui ont permis de générer un chiffre d'affaires impressionnant de 1 128 000 FCFA, faisant de lui l'étudiant le plus prospère de cette tournée de suivi.
Défis et difficultés rencontrés
Malgré les aspects positifs, certaines difficultés ont été rencontrées par les étudiants, notamment :
- Manque de ressources financières : Certains étudiants ont fait face à des difficultés financières, limitant leur capacité à acquérir des intrants en quantité suffisante ou à étendre leurs exploitations.
- Problèmes de logistique : Le transport des produits agricoles et des intrants a posé problème à plusieurs étudiants, particulièrement ceux opérant dans des zones reculées. Cette situation a parfois retardé les activités ou engendré des coûts supplémentaires imprévus.
- Problèmes d'organisation : Une partie des étudiants a rencontré des difficultés à bien organiser leur emploi du temps, impactant ainsi la gestion de leur projet. Des retards dans l'exécution des tâches ont parfois été observés.
Recommandations pour améliorer l’expérience de pré-insertion chez les étudiants
Pour répondre aux défis identifiés et maximiser les chances de succès des étudiants, plusieurs recommandations ont été formulées par les équipes de suivi :
- Renforcement des capacités : Il est recommandé de poursuivre les formations en développement personnel, en gestion de projet, et en recherche active de financement. Cela permettra aux étudiants d'améliorer leur organisation, de structurer davantage leurs projets et de mobiliser les fonds nécessaires à leur réussite.
- Soutien institutionnel : L’IUEP-MA de Djougou est encouragée à organiser des achats groupés d’intrants pour les étudiants afin de réduire les coûts et de faciliter leur approvisionnement.
- Facilitation des partenariats : Le renforcement des partenariats avec les OPA, les ONG locales, et les entreprises privées est crucial pour offrir un soutien supplémentaire aux étudiants. Ces partenariats pourraient inclure des accords de mentorat, des financements complémentaires, ou des facilités d’accès au marché pour les produits des étudiants.
L’expérience de suivi des étudiants en pré-insertion à l’IUEP de Djougou montre que, malgré les défis, ces jeunes agripreneurs sont sur la voie du succès. Leur motivation et capacité d’adaptation ainsi que le soutien institutionnel dont ils bénéficient sont des atouts majeurs pour leur insertion réussie dans le secteur agricole béninois. Le CUEP, en collaboration avec ses partenaires, continuera à fournir l’accompagnement nécessaire pour assurer la réussite de chaque étudiant, contribuant ainsi au développement du secteur agricole au Bénin.
Cette approche intégrée et personnalisée du suivi des étudiants reflète l’engagement du CUEP à former des professionnels compétents, prêts à relever les défis du monde agricole et à contribuer de manière significative à l’économie nationale.